Sara Beam
Sara Beam est née au Canada. Après un B.A à l’université McGill, elle a obtenu un M.A et un doctorat en histoire à l’université de Californie, Berkeley. Elle est actuellement professeure associée en histoire à l’université de Victoria (Canada). Ses recherches portent sur l’histoire sociale et culturelle de l’Europe moderne (1400-1800), et concernent en particulier les pratiques sociales qui révèlent les limites des droits civiques dans le monde pré-moderne. Ses nombreuses publications sur la culture populaire et les politiques du théâtre satirique incluent une monographie primée intitulée Laughing Matters: Farce and the Making of Absolutism in France (Ithaca: Cornell University Press, 2007). Ses recherches actuelles portent sur la pratique légale de la torture judiciaire, et plus précisément sur son déclin, en tant qu’il permet de comprendre comment le concept de société civile a émergé aux XVIIe et XVIIIe siècles en Europe.
Programme EURIAS à l’IEA de Paris
Les débats médiatiques contemporains sur la torture témoignent des clivages moraux et politiques que peuvent susciter les « techniques d’interrogation renforcées ». L’étude des modes de mise en œuvre de la torture dans le passé, et surtout de la résistance des autorités à cette dernière peut être utile et éclairante. Ce projet examine le tournant que constitue, dans l’histoire de l’Europe de l’Ouest, la réévaluation et la réduction substantielle de l’usage de la torture entre 1550 et 1650.
À la fin du XVIIIe siècle, la torture fut interdite par de nombreux gouvernements européens, en grande part pour répondre aux critiques humanistes des philosophes des Lumières. Mais le recul effectif de ces méthodes d’interrogation s’était amorcé dès le milieu du XVIIe siècle, lorsque les juges sont devenus à travers l’Europe plus réticents à en faire usage – un tournant qui avait, jusqu’à peu, été négligé par les historiens. En montrant que les attitudes vis-à-vis de la torture ont toujours été formées par une myriade de considérations pratiques, ce projet rejoint les débats contemporains sur son usage actuel. Au cours de mon séjour à l’Institut d’études avancées de Paris, je m’intéresserai plus particulièrement à la micro-histoire de la torture lors de la Réforme à Genève et proposerai une étude comparative de l’usage de la torture en Europe occidentale.
University of Toronto Press |
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