Lavinia Maddaluno
Lavinia Maddaluno est professeure adjointe en histoire du début de l'ère moderne au département des sciences humaines de l'Université Ca' Foscari de Venise. Elle est historienne du début de l'Europe moderne et s'intéresse aux interconnexions entre les sociétés, les environnements et l'économie politique. Avant d'arriver à Venise, elle a bénéficié de plusieurs bourses, dont une bourse Max Weber, une bourse Warburg/I Tatti et une bourse de courte durée à la Fondation Maison des Sciences de l'Homme. Ses recherches comprennent trois lignes d'investigation interdépendantes mais distinctes. Le premier, issu de son doctorat (Cambridge, 2018) et de son premier livre, explore l'économie politique et les pratiques scientifiques au siècle des Lumières, repensant l'économie politique du XVIIIe siècle comme une pratique mise en œuvre non seulement par les grandes figures des Lumières, mais aussi par des acteurs moins importants. Son deuxième domaine de recherche concerne l'histoire de l'environnement, en se concentrant particulièrement sur les « écologies indisciplinées » et en examinant les liens entre les récits historiques de l'eau et de la production alimentaire, avec un accent particulier sur la culture du riz en Europe au cours des XVIe et XVIIe siècles. Le troisième domaine, en lien avec son projet de recherche développé à l'IEA de Paris, concerne la construction de l'idée de pénurie et les processus d'élaboration des connaissances dans l'Atlantique du XVIIIe siècle.
En septembre 2025, Lavinia Maddaluno rejoint l'IEA de Paris pour une résidence de recherche de dix mois.
Sujets de recherche
Histoire des débuts de l'ère moderne ; histoire européenne ; histoire des sciences ; histoire de l'environnement.
« L’art de convertir les vivres en pain » : pénurie, technologie et savoirs hybrides dans l'Atlantique portugais et français du XVIIIe siècle
Le projet explore le problème de la pénurie alimentaire du point de vue de l'histoire des sciences, en étudiant le type de connaissances mobilisées pour faire face à la pénurie dans l'Atlantique portugais et français au cours de la seconde moitié du XVIIIe siècle. Elle se concentre sur deux espaces caractérisés par des contraintes environnementales extrêmes : la colonie française de Saint-Domingue et l'estuaire de l'Amazone au Brésil. Alors que l'Europe devait nourrir une population croissante dans un contexte de mauvaises récoltes et de libéralisation du commerce des céréales, Saint-Domingue et le Brésil étaient confrontés au défi supplémentaire de nourrir leur main-d'œuvre réduite en esclavage. Le projet pose les questions suivantes : Comment l'idée de pénurie alimentaire a-t-elle été construite dans des environnements aussi divers que les rives et les îles de l'Amazonie ou les plaines des plantations sucrières de Saint-Domingue ? Quel(s) type(s) de connaissances a (ont) été appliqué(s) pour surmonter les pénuries de cultures dominantes telles que le manioc et le blé dans les territoires non-européens ? Et comment les préoccupations environnementales ont-elles été prises en compte dans les formes d'extractivisme colonial et les pratiques agricoles locales ?
Qu'elle soit réelle ou perçue, la pénurie était une préoccupation constante pour les sociétés coloniales et non coloniales. Elle a suscité des débats sur le climat, le potentiel des sols, le rôle de l'homme et de la technologie dans l'exploitation des ressources naturelles, les stratégies de croissance économique, l'autosuffisance et la gestion de la population. En adoptant des méthodologies issues de différents domaines et en s'appuyant sur un riche matériel d'archives, ce projet vise à retrouver les connaissances et les pratiques - environnementales, agricoles, genrées, hybrides, mécaniques et entrepreneuriales - qui ont été développées pour faire face à la pénurie, ainsi que les acteurs impliqués, qu'ils soient européens ou non.
Publications clés
Lavinia Maddaluno. Science and Political Economy in Enlightened Milan (1760-1805). The Voltaire Foundation, Oxford University Studies in the Enlightenment, Liverpool University Press, 2024.
Lavinia Maddaluno. “‘Malignità che s’infonde’: rice, medicine and liminality in Counter-Reformation Milan”, in John Henderson et Sandra Cavallo (eds.) Medicine in Early Modern Italy: between theory and practice, 1500-1700. Brepols, à paraître.
Lavinia Maddaluno. "Forests, woods, roads: Agricultural landscapes as instruments for the material administration of an eighteenth-century Tuscan periphery", in Corey Tazzara, Paula Findlen et Jacob Soll (eds.), Florence after the Medici. Londres, pp. 199-223, 2020.
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