Décoloniser les sciences sociales ? Regards croisés
Intervention de Pierre Gaussens, sociologue et chercheur au Colegio de México et chercheur-résident 2024-2025 de l'IEA de Paris (programme FIAS), dans le cadre du séminaire Décoloniser les sciences sociales ? Regards croisés organisé par l'Université de Liège.
Evénement ouvert au public.
Interventions en français.
Présentation
Depuis deux-trois décennies, divers débats publics ont participé d’un argumentaire appelant à une nouvelle rupture avec un héritage colonial et plus fondamentalement avec une lecture de l’ordre du monde qui serait encore largement sous emprise coloniale, bien au-delà des indépendances politiques et des idéologies de la mondialisation. Ces débats s’alimentent de retours critiques dans certains secteurs des sciences sociales et humaines (y compris la philosophie et la géographie) sur une nature coloniale des fondements de ces sciences et/ou sur la dimension post-coloniale de leur dispositifs de production de circulation et de consécration, créant toujours des formes de hiérarchisation et asymétrie dans la production des savoirs scientifiques. Si des analyses sociologiques de la production, de la circulation et de la réception de ces argumentaires restent à construire, la question se pose d’emblée de savoir comment le faire : quelles « sciences », quels paradigmes, quels chercheurs s’acquitteraient de ces tâches ?
De manière plus large, ce séminaire propose de répondre à des questions diverses telles que : les approches décoloniales permettent-elles de renouveler les sciences sociales ? Offrent-elles ou contribuent-elles à proposer un cadre inédit d’analyse pertinent pour des recherches innovantes, des problématiques émergentes ou à construire ? Peut-on mobiliser des théories décoloniales pour penser les pratiques et politiques impérialistes contemporaines, qu’elles soient ou non mises en œuvre par les grandes puissances d’hier ? Qui plus est, peut-on parler aujourd’hui d’un tournant empirique inspiré des études Post/décoloniales ? Si oui, quels en sont ses effets sur l’héritage des précurseurs. Est-il souhaitable et possible d’adopter une grille de lecture commune pour penser les situations postcoloniales à la fois aux Nords et aux Suds ? Si oui, quels en sont les avantages et les limites ? Enfin, quels liens les sciences sociales peuvent-elles créer avec les collectifs contemporains qui portent des revendications décoloniales dans nos sociétés ? Comment peuvent-elles rendre compte de et/ou soutenir leurs actions ?
Programme
13h : Mot d’accueil
13h10 : Colonialisme décolonial ? Sur une décolonisation contradictoire en sciences sociales
Par Pierre Gaussens (Colegio de México)
14h : Politique du décolonial : Une analyse de la formation d’un collectif décolonial à Liège
Par Ludovic Bakebek et Shannon Gouppy (IRSS, Faculté des Sciences Sociales de l'Université de Liège)
14h50 : Pause
15h10 : Décoloniser ou « décentraliser » les sciences sociales ? : les contributions de Guerreiro Ramos à la méthode de la « réduction sociologique »
Par Sayonara Leal (Université de Brasília, Brésil, Professeure invitée à la Faculté des Sciences Sociales de l'Université de Liège)
16h : "Décolonisation des savoirs au 21ème siècle: le potentiel et limites d'un 'buzzword'"
Par Anneke Newman (Ghent University)
16h50 : Mot de conclusion
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