La science du lait humain en France entre genre et politique
Conférence de Mathilde Cohen, professeure de droit à l'Université du Connecticut et chercheuse-résidente 2024-2025 de l'IEA de Paris (programme FIAS), dans le cadre du séminaire 2024-2025 de l'Institut d'histoire et de philosophie des sciences et des techniques (IHPST, CNRS - Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne) organisé par Marion Vorms et Philippe Huneman.
Evénement ouvert au public.
Conférence en français.
Présentation
Dans le cadre de sa réidence de recherche à l'IEA de Paris, Mathilde Cohen travaille sur le projet « Le lait de la mère appartient à l'enfant ». Une histoire du droit du lait humain en France entre technologie, genre et colonialisme (1910-2024). Ce projet étudie l’institutionnalisation en France, dans une visée d’abord populationniste, de la circulation du lait humain désincarné, c’est-à-dire exprimé et distribué en flacon au lieu d’être pris directement au sein. Le processus, rompant le lien physique entre la personne allaitante et l’enfant allaité par le recours à la science, à la technique et au droit, est celui d’une médicalisation progressive. Au cours de la période étudiée, de 1910 à 2024, le don de lait passe d’une forme d’assistance aux femmes et aux enfants les plus démunis à une technique biomédicale. Après la seconde guerre mondiale, la pratique se transforme en effet en service médicalisé de pointe, appelé « lactarium », centré sur le soin des bébés prématurés. Le droit joue un rôle déterminant dans cette évolution : si le début du XXe siècle envisage la mise en nourrice sur un mode économique, ancré dans le droit du travail et de la concurrence, la circulation du lait humain se met à relever peu à peu du droit de la santé, puis de la bioéthique.
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« Le lait de la mère appartient à l'enfant ». Une histoire du droit du lait humain en France entre technologie, genre et colonialisme (1910-2024) 01 septembre 2024 - 30 juin 2025 |
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