Autour d'Antoine Lasalle (1754-1829), littérateur philosophe, traducteur, expérimentateur
Présentation
Pour Dominique Garat, recenseur de ses œuvres, Antoine Lasalle se présente au public « Bacon à la main », comme l’avaient fait avant lui D’Alembert et Diderot, et semble donc naturellement désigné pour leur succéder. Auteur d’une traduction en quinze volumes des œuvres de Francis Bacon parue entre 1799 et 1803, Antoine Lasalle porte en effet à son accomplissement un projet longtemps rêvé avant lui par les encyclopédistes. Exprimée à plusieurs reprises, l’intention du traducteur est d’instruire « toutes les classes raisonnables de la société », et plus particulièrement les femmes et la jeunesse. Ce souhait d’émancipation par l’instruction se trouve en réalité au cœur du projet lasallien depuis la fin des années 1780, comme le marque la parution de trois amples traités (en 1786, 1788 et 1789) qui permettent de suivre depuis sa première formulation le projet du traducteur. Indirectement, ces essais sont aussi le lieu où s’affirme une personnalité de « littérateur philosophe » pour qui l’écriture est le prolongement irrépressible de l’activité de traduction. Car « le Bacon de la France », comme l’appellera son ami Jean-Baptiste Gence, envisage l’essai comme le lieu d’une mise à l’épreuve des thèses du philosophe anglais autant que comme un espace de dialogue avec les penseurs de son temps – qu’il n’épargne guère. Sous la forme d’une conversation d’égal à égal avec le public, qu’il invite à se méfier de l’autorité de ses « maîtres », l’auteur de La Balance naturelle n’a de cesse de proclamer le primat de l’expérience personnelle. Ses propres écrits sont l’illustration de cette liberté de pensée, offrant la continuation non seulement d’une pratique de lecture et de traduction mais aussi, par d’autres moyens, des voyages de sa jeunesse, des cours publics de science auxquels il a assisté ou des expériences qu’il a lui-même pratiquées – jusqu’aux Nouvelles récréations mathématiques de 1798, déclinaison des ouvrages de « science amusante » qui place l’intérêt et le jeu au fondement de l’instruction. En soulignant l’influence directe d’Antoine Lasalle sur la pensée des Idéologues et l’école physico-morale, mais également en revenant sur des œuvres moins connues telles que La Théorie de l’ambition (1802) – dont l’attribution a longtemps été en débat – cette journée d’étude se propose ainsi de mettre en lumière la cohérence et l’originalité d’un parcours intellectuel en période de Révolution.
Programme
9h30 - Accueil (avec café)
10h15 - Sylvie KLEIMAN-LAFON, Université Paris-Nanterre
Présentation du livre « Antoine Lasalle, traducteur de Francis Bacon. Politiques de la science sous la Révolution et l’Empire »
11h - Jean-Luc CHAPPEY, Université Paris I-Panthéon Sorbonne
« Traduire en Révolution : enjeux politiques et intellectuels »
11h45 - Lisa ROUGETET, Université de Bretagne Occidentale
« Les Nouvelles récréations mathématiques d'Antoine Lasalle, ou le contre-pied d'un genre éditorial fondé sur la pédagogie, la pratique ludique et le spectacle expérimental »
12h30 - Questions
Déjeuner
14h15 - Grégoire TAVERNIER, Université d’Orléans
« Inciter ou démystifier ? La Théorie de l’ambition, ou les paradoxes d’un volontarisme rabat-joie »
15h - Gabrielle BORNANCIN-TOMASELLA, Université de Saint-Étienne
« Un ‘précepteur’ sans ‘prestige’ ? L’émancipation intellectuelle par la méthode dans Le Désordre régulier »
15h45 - Lucien DERAINNE, Université de Saint-Étienne
« Pourquoi rééditer Lasalle aujourd’hui ? »
16h30 - Questions
Fin de la journée
Modalités de participation
Inscription obligatoire. Merci de vous signaler, au moins 72 heures à l’avance, à l’adresse suivante : s.kleimanlafon@parisnanterre.fr
Organisations
- Sylvie KLEIMAN-LAFON (PR Université Paris Nanterre, CREA-Centre de Recherches Anglophones).
- Gabrielle BORNANCIN-TOMASELLA (Postdoctorante, UJM Saint-Étienne, IHRIM).
- Lucien DERAINNE (CPJ LISAMO, UJM Saint-Étienne, IHRIM).
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