Accueil / Résidents / Michael Zimmermann

Michael Zimmermann

Professeur d'histoire de l'art
Katholische Universität Eichstätt
La perception mise en mouvement : arts visuels, anthropologie et philosophie de 1850 à 1914
01 novembre 2008 - 30 juin 2009
Art et histoire de l'art
FacebookTwitter

Son projet de recherche s'inscrit dans le cadre du programme thématique "anthropologie d'hier à aujourd'hui", coordonné par Claude Imbert, professeur au département philosophie de École normale supérieure.

2008 est l’année du centenaire de Merleau-Ponty et de Lévi-Strauss . Leurs œuvres, qui se font écho plus qu’il n’y parut d’abord, ont affecté le projet et la notion même des sciences humaines. Le moment est venu de prendre la mesure des inflexions qu’ils y ont imprimées : modifications ou totale révision, on n’en décidera pas à l’avance. Ecartant d’emblée l’exégèse commémorative, on s’attachera à ce qui vaut comme un point de non retour. Cette rencontre entre philosophie et anthropologie a depuis déployé anonymement ses conséquences quant aux lieux et manières d’une objectivité philosophique. Tout aussi factuelle est la généralisation dans les sciences humaines de méthodes et d’intérêts empruntés à l’ethnographie : ainsi la micro-histoire ou l’histoire des sciences quand elle se tourne vers le paléolithique ou la clinique post-génomique. Enfin, sur un siècle, les philosophes ont appris qu’aucune herméneutique interne à leur propre régime conceptuel ne répondrait à leurs demandes. Durkheim et Mauss ont préparé la place pour ce que Lévi-Strauss a défini comme savoir anthropologique. L’intelligence philosophique y est mise à l’épreuve. Une note de travail de Merleau-Ponty le disait sans ambages : considérer Descartes en ethnographe. Ces points de fait, parmi d’autres, offrent de bonnes raisons pour reconsidérer le projet des Lumières. Rien d’idéologique ici : l’anthropologie, à bien des égards, vient occuper la place ouverte et laissée vide dans l’Encyclopédie de d’Alembert et Diderot, hâtivement fermée dans la décennie suivante par le transcendantalisme. On sait comment le criticisme a scellé la question dans son architecture encyclopédique, liée à une figure propositionnelle et prédicative du savoir que confirmait une anthropologie pragmatique. Le premier modernisme, galiléen, s’est achevé sur ce partage entre une rubrique nommée et restée vide et un non possums. Dans le même temps, Buffon insérait dans son Histoire naturelle un chapitre de l’homme, du Marsais multipliait les rubriques linguistiques dans le Dictionnaire raisonné des sciences, entre quelques réflexions polémiques sur le rythme, la mélodie et l’harmonie. Les planches accompagnant les volumes alphabétiques multipliaient les cartographies visuelles que Jeaucourt approchait sous l’espèce de la peinture paysagiste anglaise. Comme il se fait toujours, ces incises et savoirs latéraux ont définitivement archaïsé la systématique, En meublant de schèmes médiateurs ces réalités d’expérience qu’aucune extension dialectique ne pouvait circonscrire, ils ont jeté une lumière crue sur une méthode qui avait épuisé ses ressources.

On s’appuiera sur la modification des paradigmes de l’intelligibilité, tels qu’ils se sont définis au cours des récentes décennies, en commençant par les médiateurs du savoir, linguistiques et visuels. Le moment est venu de prolonger le linguistique et plus récemment l’iconique sur deux versants : l‘implémentation cognitive sur une organisation neuronale, moins déterministe, plus ouverte à l’apprentissage et au montage qu’on ne l’a dit, et le dépliement de ces opérations de savoir dans la publicité de régimes symbolique de divers types, bien loin d’être suffisamment inventoriés. Une anthropologie du monde contemporain, son régime expérimental, y sont impliqués.

À l'époque classique des statues pondérées selon les règles du contraposto, la mise en mouvement des figures, par rapport à leur statut dans une immobilité équilibrée, était perçue comme une difficulté cherchée. Quand Edgar Degas, par contre, arrête le mouvement de danseuses ou de chevaux, de femmes dans un tub ou de chanteuses de café-concert, l'artifice réside dans une action opposée, c'est-à dire dans l'arrêt de corps continuellement mouvementés dans le médium de la peinture. Le projet vise à analyser ce changement de paradigme, qui ne concerne pas seulement la représentation du mouvement, mais aussi le mouvement de la perception même. Arrêter ce mouvement, c'est une nécessité de tous les médias visuels avant l'invention du cinéma. Bien avant l'invention du cinéma, la kinesis de la perception qui ne peut que se perpétuer était l'objet de découvertes et de discussions soit dans la physiologie des organes sensuels, soit dans l'anthropologie médicale et philosophique, soit dans l'expérimentation scientifique et médiatique, soit dans les arts visuels.

03 Avr 2009 10:00 -
10 Avr 2009 13:00,
La perception mise en mouvement : Arts visuels, anthropologie et philosophie de 1850 à 1914
06 Mar 2009 10:00 -
06 Mar 2009 13:00,
Delaunay et Duchamp, la perception en mouvement
01 Nov 2008 00:00 -
31 Juil 2009 00:00,
Paris :
Anthropologie, d’hier à aujourd’hui

353
2008-2009
Époque contemporaine (1789-...)
Europe occidentale