Conférence de Philippe Portier (EPHE-PSL) dans le cadre du cycle "La bioéthique : aux frontières de la vie ?".

Discipline : Sciences politiques

Entrée libre sur inscription.

Les évolutions dans le domaine de la gestion du vivant ont, depuis les années 1960-1970, bousculé le concept et la pratique de la laïcité française. Deux grandes mutations sont intervenues. Sur le plan substantiel, on a assisté à une reconfiguration du principe de définition de la laïcité : tout en demeurant un système juridique d’articulation de la relation entre l’Etat et les institutions du croire, celle-ci se définit de plus en plus souvent, désormais, comme un dispositif axiologique permettant à la législation de s’extraire de la culture léguée par les siècles religieux. Sur le plan procédural, on a assisté à une recomposition du mode de fonctionnement de la laïcité : confrontés aux « questions embrouillées » auxquelles nous confronte l’enjeu bioéthique, les pouvoirs publics reviennent aujourd’hui sur le principe de séparation strict des ordres qu’ils défendaient hier encore pour associer de plus en plus les forces religieuses aux mécanismes de la délibération publique. On tentera de montrer que ce double mouvement n’est peut-être pas aussi paradoxal qu’on pourrait le penser.