Victoria Lee
Victoria Lee est historienne des sciences, plus particulièrement des XXe et XXIe siècles, et professeure agrégée d'histoire à l'Université de l'Ohio. Ses recherches se concentrent sur une exploration historique comparative du problème du contrôle microbien pour parvenir à une croissance durable. Son livre, The Arts of the Microbial World (University of Chicago Press, 2021) a été récompensé par l'International Convention of Asia Scholars Book Prize for the Best Book in the Humanities en 2023. Cet ouvrage examine la science de la fermentation dans le Japon du XXe siècle, une société où les microbes étaient distinctement connus et utilisés comme des travailleurs vivants autant que comme des agents pathogènes, comme un précédent direct à la reconnaissance plus récente des écologies microbiennes en tant que partie indissociable de la société humaine en Europe et en Amérique. Ses travaux actuels portent sur la manière dont l'histoire microbienne du XXe siècle permet de mieux comprendre les questions du XXIe siècle, à la lumière de l'appréciation croissante du rôle des microbes dans le maintien des organismes à tous les niveaux de la vie grâce au microbiome, dans la médiation du changement climatique (en particulier dans l'agriculture) et dans la contribution aux innovations en matière de chimie verte. Elle a été checheuse à l'Institut Max Planck pour l'histoire des sciences de Berlin et de l'Institut d'histoire des sciences. Ses travaux ont été publiés dans la Los Angeles Review of Books, dans le programme All Things Considered de la NPR et dans Médiapart.
Victoria Lee rejoint l'IEA de Paris en juin 2026 pour une résidence d'écriture d'un mois.
Sujets de recherche
Histoire des sciences et des technologies ; histoire de la microbiologie et de la biotechnologie ; histoire de la chimie ; histoire de l'environnement ; histoire de l'agriculture.
Nos vies microbiennes : un manifeste contre l'éradication
La nécessité de conserver la diversité microbienne est soulignée par la reconnaissance croissante de l'importance des microbes pour les activités humaines dans les domaines de l'agriculture, de la biorestauration et de la géo-ingénierie. Pourtant, les microbes sont différents d'autres cibles de conservation, telles que les papillons et les éléphants : nous avons des sentiments différents à leur égard. Ce projet développe une théorie des microbes charismatiques en tant que phénomène historique, en explorant des cas allant des efforts d'éradication mondiale des pathogènes microbiens tels que la variole dans les années 1970 à la mise en avant des microbes en tant que « système de survie de la biosphère » dans les études et les politiques climatiques après les années 2000. Cette étude suggère des moyens possibles de mobiliser l'attrait des microbes pour aider à soutenir les efforts de conservation. Il documente l'évolution générale de la nature du charisme microbien, en se concentrant sur la biotechnologie agro-industrielle, alors que les techniques de microbiologie environnementale ont élargi la portée de l'écologie microbienne et que la découverte du microbiome a renforcé la motivation à préserver les microbes pour approfondir la connaissance de la culture humaine dans les années 1990 et après les années 2000. Elle réévalue le répertoire moderne des relations humaines avec les microbes à la lumière des appels lancés par les philosophes et les spécialistes des sciences sociales pour favoriser un plus grand sentiment de parenté avec les organismes non humains en vue d'un avenir plus durable. Le projet débouche sur un document de synthèse présentant quelques alternatives aux approches dominées par l'objectif du contrôle absolu ou de l'éradication, conformément à la découverte progressive que nous vivons des vies intrinsèquement microbiennes.
Publications clés
Victoria Lee. The Arts of the Microbial World: Fermentation Science in Twentieth-Century Japan. University of Chicago Press, 2021.
Victoria Lee. “Food Machinery”. In The Cambridge History of Technology, vol. 2, edited by Dagmar Schäfer, Francesca Bray, Tiago Saraiva, Shadreck Chirikure, and Matteo Valleriani. Cambridge University Press, forthcoming.
Victoria Lee. “Wild Toxicity, Cultivated Safety: Aflatoxin and Kōji Classification as Knowledge Infrastructure”. History and Technology 35 (2019): 405-424.
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