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Entretien

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Cheikhmous Ali, "Entretien", dans Fellows : Guerres archéologiques contemporaines, RFIEA, n° 15, novembre 2016

Extrait

Le patrimoine syrien, pour lequel on répertorie près de 10000 sites, a été lourdement touché, aussi bien par l’état islamique que par l’état syrien ou des groupes locaux. Connait-on l’ampleur des dégâts ?

La Syrie est en conflit depuis 2011, conflit qui prend naissance, dans le contexte du Printemps arabe, par des manifestations contre le régime syrien. Avant 2011, on peut déjà remarquer que l’état général du patrimoine syrien n’était pas très bon : il n’y a aucune politique d’envergure pour numériser les collections et pièces des musées, il n’y a pas plus de politique d’archivage, la sécurité des musées n’est pas assurée correctement et les locaux des musées eux-mêmes sont plutôt délabrés.

La situation des musées est pour autant meilleure que celle des sites archéologiques, généralement laissés à l’abandon, aux mains des pilleurs qui font transiter les pièces volées sur le marché noir via des réseaux d’influence pour la plupart constitués au Liban. Dans ces conditions, il est évident que l’État syrien n’a pas les moyens d’entretenir un parc archéologique aussi vaste ; l’entretien, la reconstruction voire la reconstitution réclamant beaucoup de moyens, de temps et de personnel compétent.

Depuis 2011, cette situation s’est considérablement aggravée à cause des conflits qui continuent de ravager le pays tout entier. Les forces de sécurité auparavant dédiées à la prévention des pillage ont été détournées de leur mission et redirigées vers des missions de terrain, telles que l’encadrement des manifestations. Le fait de laisser de côté la sécurité des musées et des sites archéologiques a bien évidemment bénéficié aux pilleurs ou aux fouilles

clandestines, qui en ont profité pour intervenir sur des sites majeurs comme Apamée près de Hama ou Dura Europos et Mari sur l’Euphrate, Palmyre et bien d’autres. Au cours du conflit, de nombreux groupes armés se sont installés sur des sites archéologiques ou dans des musées, exposant ces monuments aux tirs et à la destruction, comme on peut le constater dans la vieille ville d’Alep.

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